Compte rendu de la sortie CAPA du mercredi 7 mai 2014 à Marnaves
Secteur : cordais, rive gauche du Cérou
Météo : au final après bien des craintes plutôt chaud et sec
Présents : Franck, Charlette, Bernard, Christophe, Claudette, Louis F. , Jean-Pierre et Michel P.
Sites visités : motte(s)? de « Castel Colibri »(jusque-là inconnue dans son emplacement) + Dolmen de Rivet I ou du « Mas de Loump » ou encore du « champ des Gaulois » + dolmen de Saladis + sarcophages du « cimetière des Anglais » de Marnaves
L’empreinte discrète du « castel Colibri »
Nous commençons par nous rendre dans les parages du lieu-dit « Marignol » au « Castel Colibri » ou « Colobri » indiqué par Mme Edo à Louis F. très récemment. Le lieu est spécifié par Hippolyte Croze en 1865. Il parle d’un château dévasté par les Anglais lors de la Guerre de Cent ans. Nous sommes au sud ouest du village de Marnaves en bordure de la forêt de Signé Grand.
L’approche est laborieuse tant la végétation est envahissante. Suite à observation, il s’agit bien d’un éperon perché qui s’étire nord /sud dans un massif de grès rouge à pélites. Ces pélites sont bien visibles sur le flan ouest. Cet éperon semble avoir subi un aménagement en creux. Il est cependant très difficile de détecter la silhouette générale du site étant donnée la luxuriance des genêts, ronces et respountsous. C’est à coups de faucille et de machette que nous gagnons la plate-forme sommitale à huit, dix mètres en élévation du chemin qui passe au sud. Chemin récemment surcreusé par des engins, il continue et contourne l’élevation rocheuse par l’ouest. Une deuxième plate-forme offre une vue plongeante au nord sur Badaillac, sur la vallée du ruisseau de Roquereine et les châteaux de la Prune et de Flottes.
Nous n’avons pas trouvé de traces quelconques de bâtiments en élévation même mineures. Aucun moëlon taillé rescapé de quoi que ce soit de construit. Seul un relief « en puits », une sorte d’ excavation circulaire de 2 m de diamètre intrigue entre les deux plates-formes. Puits ? Tranchées ? Fondation de tour ? C’est la seule particularité du lieu que nous avons pu détecter.
Pour Louis F., il s’agit de deux « mottes jumelles ». Pour moi, c’est peut être un castela dont je n’arrive pas à cerner clairement de tranchée taillée pour l’instant.
Le lieu est spécifié sous le nom de « Castel Colibri » sur le compoix de Marnaves, paraît-il. Je n’ai pas vérifié.
Nous revenons sur nos pas. Surprise! Chemin faisant, Bernard découvre dans les sous-bois un vieux cèpe pas encore complètement dévoré par les limaces.
L’enfer vert de la motte de Colibri lors de son ascension
Les dolmens de Rivet et de Saladis
Nous nous rendons en voiture, plus à l’ouest encore, par la route qui monte au château de la Prune.
Nous admirons un beau lavoir fraîchement restauré à la sortie de Marnaves. Nous gagnons le Combalas et cherchons les deux dolmens décrit par Jean Lautier. Nous trouvons sans trop de mal le premier.
C’est une sorte de « ciste », un caisson aménagé de façon à recevoir des corps1. Il est sans couverture et bâti avec des dalles en calcaire dressées. Il est comme toujours vidé, mutilé.
L’approvisionnement en « tranches » de calcaire à la tonne ne devait pas être des plus simples dans cette zone grèseuse du Trias. Les gisements calcaire les plus proches sont sur le Causse à l’ouest à 2 kilomètres du site en allant sur Vaour. De quoi surprendre ou rendre perplexe.
Ouvert au sud, sa forme est rectangulaire. Ce dolmen surplombe une carrière de grès.
Pas mal de découvertes depuis les années cinquante : des dents, 3 crânes et une plaquette en schiste percé d’un trou dans un angle2. Pièce rarissime qu’il convient de mentionner. Certains assimilent ce type de vestige à des palettes pour la peinture à l’image de ce qui se faisait en Egypte ancienne. On a trouvé ce genre de « palettes » en lien avec des dolmens dans l’Aveyron un peu plus au nord.
Par Toutatis encore des gauloiseries du XIXéme siècle
Il est instructif que le lieu s’appelle aussi le « champ des Gaulois ». Depuis des siècles et encore aujourd’hui, on attribue à ces fameux Gaulois l’élévation des dolmens et la fabrication des menhirs. En 2014, cela n’a pas disparu. Une publicité vue à Albi montre du pain « gaulois » avec un menhir à l’arrière. Il faut dire qu’Astérix(pardon Obélix…) a beaucoup aider. Rien n’ y fait, ni la science, ni les professeurs d’histoire. Les dolmens resterons l’oeuvre des Celtes encore pour longtemps et les druides y poseront du gui avec des serpes d’or. Il est presque vain d’y revenir.
Deux piliers en calcaire du dolmen de Rivet. Un sacré volume a traîner…
Quant au deuxième dolmen, son emplacement reste pour l’instant un mystère. Nous n’avons pas été en mesure de le repérer.
Poursuite des investigation avec le dolmen de Saladis signalé en son temps par Michel Delpech et Gustave Farenc. Au sommet du bois du Signé Grand, il domine la vallée du ruisseau de Roquereine qui se jette dans le Cérou à Marnaves. Le panorama devait être de toute beauté à une époque où la végétation n’était pas aussi dense. En bref, le dolmen en question présente une chambre bien visible entourée de dalles calcaires. Au nord, on remarque de petit blocs de grès en tas. Le côté au Levant est ouvert.
Encore un mégalithe en péril, on peut en juger.
Encore des dalles calacaires du Jurassique pour le mégalithe de Saladis
Les sarcophages dit du « cimetière des Anglais »
Au retour, nous prenons le temps de visiter les sarcophages du « cimetière des Anglais » ou du « travers des Anglais » mentionné par Auguste Vidal tout au début du XXéme siècle peut être à un endroit différent. Plus de « champs de pommes de terre » mais un sous-bois certainement mis en culture il y a cent ans. Toute au moins en partie.
Comme l’indique Frédérique Martorell dans une fiche de site suite à une visite en 2005, les sarcophages ont du être déterrés et balancés sans ménagement dans un lieu où la roche affleure et les sols sont plus pauvres. Tous se présentent de façon anarchique. Quatre cuves trapézoïdales de type monolythe en grès. Voilà ce qu’il reste. Certains sarcophages ont des butées latérales. Je ne vois pas de trous d’évacuation des liquides évoqués par Frédérique en 2005. Personnellement, je ne les fais pas remonter à la période mérovingienne mais plutôt carolingienne de part leur nature au souvenir des propos de Marc. A voir.
La calamité que furent les « Anglais »
« Cimetière des Anglais » ou « travers des Anglais ». Il est intéressant de noter dans le Tarn et plus largement en Quercy, tous ces lieux occupés par les Anglais. Le folklore, les contes en portent la trace, la toponymie aussi. Ainsi, ils hantent littérairement encore les paysages. Ils imprègnent les contrées sauvages. Ils sont partout ces « rouquins », ces « goddams », ces « maudits ». Même si les études montrent le peu d’insulaires présents dans la région durant la guerre de Cent ans du milieu XIVéme au début du XVéme. Même si comme pillards, assassins, rançonneurs, on compte plutôt des des paysans déracinées, des nobles déclassés venus du Bordelais ou de Gascogne. Ils font trembler les paysans. Ces « Anglais » – qui n’en sont pas – tiennent encore des défilés, des rocs, des bois, des gués, des combes et puis des cimetières. Des lieux stratégiques, des lieux qui font peur. A cet égard, une belle collecte reste à faire.
L’ordre du jour étant épuisé nous rentrons.
Christophe Mendygral